Je suis née d’un père cinglé, et d’une mère inconnue. Mon père était du genre coup d’un soir. Et un jour, devant la porte du minable loft de mon père, un berceau est apparu. Il me contenait. Mon père ne voulait pas de moi, une bouche en plus à nourrir, un bébé dont il fallait s’occuper. Et lui il était trop occupé. Soit disant ! Il passait ses journées devant la télévision, une bière à la main. Quel père exemplaire n’est-ce pas ! Il n’arrivait pas à garder un travail plus d’un mois, alors il avait arrêté d’en chercher. A la maison, je m’occupais de tout, et quand je faisais quelque chose de mal, il me tapait. Parfois, j’allais en cours avec des bleus et je prétextais être tombée en faisant mon jogging ou quelque chose du genre. Mes amies ne me croyaient pas, mais elles n’arrivaient jamais à me faire dire la vérité. Elle savait que je ne dirai rien et qu’en plus je m’énerverai. Les années passèrent, et je grandis. J’attirais les regards des hommes avec ma longue chevelure blonde, mes jambes à ne pas finir, et mon sourire. J’eus quelques relations assez ‘libres’. Puis, il y a eu un gars. Ce n’était pas comme les autres avec lui. Il n’était pas comme les autres. Du moins je le pensais. Après un mois ensemble, je voulais lui faire une surprise pendant une de ses soirées ‘révisions’. Je m’étais pointée chez lui avec de la nourriture, et des films. Je l’ai trouvé avec une autre fille. Je suis retournée chez moi. Mon père était là. Évidement, il n’avait rien d’autre à faire. Il m’a engueulé et dit de ranger la maison sauf que j’en pouvais plus, alors je l’ai ignoré, m’enfermant dans ma chambre. Le lendemain, un samedi, je suis sortie de mon antre. Mon père n’attendait que ça. Il a sauté sur moi, et m’a roué de coups. Sous l’effet de la douleur, de la frustration, de toutes ses choses qui me tombaient dessus j’ai fait quelque chose que je n’avais plus fait depuis des années ; j’ai lâché mon pouvoir.
La première et dernière fois où je l’avais fait, j’avais 13 ans. Un homme agressait une fille dans la rue, et la tapait, c’est ‘partit’ tout seul. Le gars est devenu complètement cinglé. Il s’arrachait les cheveux criait des trucs incohérents. Complètement flippant. J’avais toujours fait attention depuis lors à ne plus me laisser aller, à ne plus libérer mon pouvoir. Sauf que là quand mon père m'avait rouée de coups, ça avait été trop. Je me suis concentrée et mon pouvoir l'a frappé de plein fouet. Mon père a lâché mon corps douloureux et a eu une réaction un peu pareille à l’homme dans la ruelle. Sauf qu'en plus, il s'est mis à pleurer comme un bébé. A hurlé, et se griffé le visage. Comme désespéré. Je n'arrivais pas à contrôler mon pouvoir, sa force de frappe, son intensité par rapport au désespoir. La réaction a été plus forte que la fois dans la ruelle à cause de mes émotions. J'étais énervée, blessée,...
Alors que mon père se balançait les mains sur ses joues griffées, j’en ai profité pour faire mon sac et sortir de chez moi. J’ai erré pendant plusieurs jours, sans savoir où aller. Puis un jour, sans que je saches pourquoi j’ai suivi un chemin. Qui m’a mené dans un lieu étrange, où il y avait pleins de gens comme moi ; la colonie des sangs-mêlés. Qui devint bien vite mon refuge. Ma maison. Ma famille. Je suis arrivé à la colonie à l’âge de 16 ans. J’en ai maintenant 19. Et je n’ai jamais été aussi bien que là. Je me suis fait des amis, une famille. Des gens sur qui je peux compter. Pour quoi que ce soit. Il ya quelque chose qui me taraude depuis toujours. Je n’ai jamais compris pourquoi ma mère avait choisi mon père. Il était un peu ‘bête’, pas très beau, pas sympa, a tendance junkie, et aimait tapé sur les gens. Je pense que j’en voudrais toujours à ma mère de m’avoir abandonnée avec un fou pareil. Voilà pourquoi je ne me rallierai jamais à la cause de Cronos !